Peut-être avez-vous déjà entendu parler du "sketchnoting" (ou “croquinote" en français). Comme le "mindmap" (ou “carte heuristique”), c’est une méthode qui permet de s’approprier une information afin de la retenir plus facilement et plus longtemps.
À la différence de certains outils de facilitation visuelle, le sketchnoting est personnel. C’est un peu comme un smartphone : on ne prête pas son sketchnote. Il est d’ailleurs fort probable que la personne à qui vous souhaiteriez le prêter… n’y comprenne rien du tout.
Votre sketchnoting servira à votre travail de mémorisation.
Les dernières études menées dans les neurosciences nous ont appris qu’une nouvelle information est stockée dans un premier temps dans la mémoire à court terme. Il faudra la réactiver à plusieurs reprises pour qu’elle passe dans la mémoire à long terme.
La mémoire à court terme est une mémoire dédiée au présent. Elle évacue automatiquement, et sans même que vous vous en rendiez compte, la plupart des informations qui y passent. Le nombre d’items qui peuvent y être stockés est limité (pas plus de 7 items pendant environ 90 secondes).
Il est néanmoins possible d’utiliser des astuces pour retenir un maximum d’informations. On peut par exemple y associer des souvenirs personnels ou des émotions.
Par exemple, essayez de retenir cette suite de chiffres : 12 - 56 - 98 - 44 - 59 - 01 - 02.
Pas facile, n’est-ce pas ?
En y associant une autre idée, vous devriez y parvenir plus facilement.
Voici ce que je me dirais : “12 l’âge de ma nièce. 56 l’année de naissance de mon père. 98 coupe du monde de foot, bien sûr (!) 44 Loire Atlantique. 59 l'année de naissance de ma mère. 01 et 02 se suivent, c’est facile.”
En associant une donnée à une information personnelle, on la retient plus vite et plus longtemps.
Il est probable que demain, il me sera encore possible de redonner quelques-uns de ces chiffres en me rappelant de l’information que j’y avais associée.
Le sketchnoting fonctionne sur le même principe.
C’est une astuce qui permet de stocker davantage d’informations dans votre mémoire, mais également de les convoquer plus facilement.
Note importante à destination de l’apprenti sketchnoteur
- Contrairement au mindmap, le sketchnote est assez libre. Il doit simplement être le plus court et le plus simple possible. Idéalement, il doit tenir sur une seule feuille A4.
- Pour sketchnoter, il n’y a pas besoin de savoir dessiner. Le but n’est pas que ce soit joli, mais que ce soit utile. Laissez les complexes liés à votre écriture illisible ou à votre manière infâme de gribouiller au placard. Personne ne vous jugera.
- De même, ne passez pas des heures à apprendre à dessiner une jolie flèche ou de jolies lettres. Le sketchnoting n’est pas une forme d’art à exposer sur Instagram, mais une manière créative de booster votre mémoire.
- Enfin, même si vous vous sentez plus à l’aise sur un format numérique, essayez de le faire à la main. Votre cerveau vous en sera reconnaissant !*
Exemple : mon sketchnoting du koob de "Competing Against Luck" de Clayton Christensen
Chez Koober, nous apprécions beaucoup le livre “Competing Against Luck” de Clayton M. Christensen. J’ai donc décidé de faire un sketchnoting du koob afin d’en retenir les idées importantes.
Étape 1 : je lis le koob dans son intégralité avec attention — vous saviez que le multitasking est l’ennemi de la mémoire ?
Étape 2 : je prends une feuille A4, un stylo et très librement, je vais noter les informations importantes que j’ai retenues. Pour marquer les liens de causalité, je suis mon intuition. Pareil pour l’agencement des différents croquis.
Étape 3 : je relis rapidement le koob et je vérifie que toutes les informations importantes figurent bien sur ma sketchnote.
Voici le résultat :
Vous n’y comprenez rien ? C’est normal.
Pourtant, grâce à ce sketchnote, je peux restituer sans difficultés les idées les plus importantes du koob. Mieux ! Le fait de l’avoir réalisé va m’aider à les retenir et en plus, je pourrai y revenir demain en le consultant.
Voici l’explication de mon sketchnote en détail.
Dessin 1 : Clayton M. Christensen explique que la plupart des entreprises ont tendance à mettre leurs moyens financiers (le dollar), leur attention (l’œil) et leurs process (l’engrenage) au service de leur produit (le cube), pour ensuite espérer les vendre au client (le petit bonhomme). Ce n’est pas une bonne manière de faire ("Avant").
Dessin 2 : un client, c’est avant tout une personne qui a des goûts (le cœur), des moyens limités (le dollar) mais aussi des convictions, par exemple, une éthique environnementale (la petite planète). Tout ce qui le compose n’est pas statique et pas toujours priorisé de la même manière. Ses centres d’intérêt changent en fonction de ses besoins et du moment (la petite horloge sous le personnage). C’est sur toutes ces choses qu’il faut porter son attention (les petits yeux autour).
Dessin 3 : ensuite, l’auteur explique qu’un bon produit (le cube) doit répondre à ce qu’il appelle un "job". Typiquement, un produit doit résoudre un problème non résolu jusqu’à présent ou alléger le client d’une corvée. C’est ainsi et sous ces conditions que le client sera heureux (petit bonhomme qui lève les bras).
Un bon produit (le cube) est, typiquement, un produit que le client (le petit bonhomme) a bricolé lui-même pour répondre à un besoin. Dans ce cas, il n’y a pas encore de marché ou de cible (les petits bonhommes barrés).
Dessin 4 : l'auteur explique également que ce qui est important (point d’exclamation), c’est la manière dont on vend son produit (deux cubes sur une étagère comme dans un magasin et cinq étoiles qui symbolisent un "avis positif" sur certains sites d’e-commerce). L’expérience de vente est essentielle. Elle est aussi importante que le produit en lui-même et permet de fidéliser un client. Elle doit donc être parfaite !
Dessin 5 : l’auteur cite un exemple que l’on utilise souvent chez Koober et je l’ai donc noté. Il s’agit de l’expérience du milkshake. Il explique qu’on peut boire un milkshake pour tout un tas d’occasions : pour le petit déjeuner (la tasse fumante) ou pour un goûter en famille (les trois petits bonhommes).
En fonction de l’occasion, le "job" du milkshake peut changer. Au petit déjeuner (flèche du haut), on souhaitera avant tout être rassasié (un intestin et un cornet de frites). Alors qu’au goûter (flèche du bas), on souhaitera offrir à ses enfants un aliment sain (une carotte, une noix, une amande et un raisin sec).
Le même produit peut donc avoir plusieurs "jobs" très différents en fonction des préoccupations du client et du moment de consommation.
Dessin 6 : enfin, à la relecture du koob, j’ai ajouté une mention que j’avais oubliée et qui me semblait importante (en bleue).
L’auteur dit qu’une fois le business développé, il faut faire attention en suivant ses métriques (KPI) de ne pas perdre de vue le client et ses besoins.
Et voilà tout ce que je suis parvenue à restituer grâce à ce sketchnote ! Autant dire, beaucoup plus d’informations que si je m’étais contentée de lire le koob. Sa réalisation m’a pris 5 minutes. Il a suffit que je me souvienne des points que j’ai jugé importants et que je vérifie ne pas en avoir oublié d’autres.
À tout moment, je peux m’y référer pour me remettre le livre en mémoire.
Mieux encore, quand je souhaiterai l’expliquer, je visualiserai mentalement mon sketchnote afin d’en restituer les idées.
Envie de participer ? Partagez vos sketchnotes de koobs sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SketchKoob ! Pas pour crâner, mais plutôt pour créer une émulation. ;)
N’hésitez pas à laisser un commentaire. ;)
Amandine, Chief Content Officer
* "The Pen is Mightier Than the Keyboard" étude publiée par Pam A. Mueller de l’université de Princeton. http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0956797614524581
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