Vivre plusieurs siècles en parfaite santé, un rêve fou pour certains. Pourtant le transhumanisme, un mouvement qui veut rendre l'Homme immortel et brancher l'intelligence artificielle directement sur le cerveau humain, semble indiquer qu'il n'est pas inaccessible. Un domaine où science, ethique, philosophie et religion sont étroitement impliquées.
Transhumanisme explications
Le transhumanisme théorise et défend l’idée selon laquelle les sciences, et notamment l’intelligence artificielle, peuvent et doivent être mises à profit pour améliorer les performances de l’être humain face au vieillissement ou la maladie. Ses adeptes prônent une approche interdisciplinaire pour augmenter le capital physique et intellectuel de l’être humain et repousser les limites de la mort. Un être humain en quelque sorte augmenté, que ce mouvement désigne sous le sigle H+ ! Ce mouvement est né dans les années 80 en Californie, se nourrissant des avancées dans l’informatique et les biotechnologies de la Silicone Valley. Ces NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, Informatique et sciences Cognitive) laissent en effet entrevoir une véritable symbiose entre le corps humain et des artefacts issus de ces nouvelles technologies.
Transhumanisme, ses dérives, l’homme immortel
Le but ultime de cette amélioration de l’être humain n’est ni plus ni moins que la quête de l’immortalité. Un projet pas si fou au regard du caractère exponentiel des découvertes technologiques de ces dernières décennies. Les cœurs artificiels et les prothèses sont de plus en plus performants tandis que les greffes et la maitrise des cellules souches repoussent chaque année un peu plus loin les limites de la médecine. Ces techniques médicales ont déjà considérablement augmenté l’espérance ou la qualité de vie de personnes qu’une maladie condamnait ou qu’un accident handicapait. Les prothèses bioniques sont aujourd’hui si performantes qu’elles tendent à supprimer le handicape, voire à augmenter les performances de l’être humain. Le directeur du laboratoire de Biomechatronics au MIT Media Lab, Hugh Herr, estime que la technologie fournira sous peu des exosquelettes qui nous rendront plus forts et plus efficaces.
Plus largement, le préventif supplantera le curatif en médecine en tout cas pour les patients les plus aisés de la planète. Les risques de cette situation ne sont pas minimes. Ces avancées seront d’abord immanquablement utilisées à des fins militaires. Peut-on ensuite imaginer un monde où cohabiterait humains et posthumains ! Les seconds, plus forts, plus agiles intellectuellement et doté d’une espérance de vies décuplée voire de l’immortalité pourraient être tentés de réduire leurs anciens frères en esclavage ou de les éliminer pour ne pas avoir à partager les ressources d’une planète devenue bien petite pour subvenir à l’ère posthumaniste ! Il est légitime aussi de se demander si dans sa course à la performance, le sujet concerné ne finira pas par n’être plus qu’un robot anthropomorphe !
L’homme amélioré pourrait voir sa part technologique le dominer au point que sa part biologique ne serve plus que de support d’incrémentation. Dans sa quête narcissique de la perfection et de l’immortalité, l’homme pourrait perdre son humanité et envisager la création de bébés médicaments voués à son immortalité!
Il n'est pas illégitime de réfléchir au fait que le transhumanisme ne pourrait être que la version numérique de l’eugénisme, c’est-à-dire une course vers un idéal déterminé, et que de ce fait il en comporte tous les dangers.
Transhumanisme un business fructueux : “Laurent Alexandre”
Pour l’heure le transhumanisme s’annonce comme un marché juteux ! Laurent Alexandre, chirurgien et auteur français, a parfaitement décrit le processus en marche. Les NBIC nécessaires à la création d’un être humain 2.0 sont dès à présent disponibles. Les enjeux financiers sont colossaux ! Mêmes si ces technologies sont coûteuses, il y aura toujours parmi les gens aisés des individus prêts à dépenser des fortunes pour accéder au statut de posthumain et pour jouir d’une vie illimitée !
Dans ce contexte une myriade de biologistes synthétiques et de startups génomiques s’activent pour répondre à un marché qui ciblera les plus grandes fortunes de la planète. Les entreprises du Web connu sous l’acronyme des géants de ce dernier (Google, Apple, Facebook, Amazon), le GAFA, investissent des sommes considérables et recrutent les têtes pensantes du mouvement transhumaniste pour concrétiser les ambitions de ce dernier. Ray Kurzweil, pape du mouvemment Transhumaniste, pour ne citer que lui, est devenu directeur de l’ingénierie de Google. Des sociétés comme Blue Heron ou DNA 2.0 se veulent à l’avant-garde de nouveaux secteurs économiques qui pourraient bouleverser non seulement l’évolution de la vie mais purement et simplement tuer la mort !
Transhumanisme : investisseurs et économie à deux vitesses
Les NBIC nécessitent des sommes considérables. Seuls les pays les plus développés, comme le Japon qui vient d’accorder 5 milliards de Yen, les géants hyper capitalisés de la nouvelle économie ou quelques milliardaires peuvent investir et jouir des retombées dans ce domaine. Leur développement pose à terme l'avènement d’une économie à deux vitesses entre ceux qui auront accès à ces biotechniques et les autres. La médecine à deux vitesses ne sera que le premier mais emblématique secteur touché. On peut s’attendre à ce qu’une économie qui bannirait la maladie et le handicape devienne plus compétitive et surpasse ses rivales en tout point. Dans le pire des scénarios, on peut envisager que l’accès à un cœur artificiel d’un coût actuel de 160.000 € soit réservé à ceux qui peuvent se le payer ou à ceux qui seront considérés selon des critères subjectifs comme indispensables à la société. Un danger du posthumanisme qui mérite réflexion!
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