La révolution numérique : L'âge de la multitude

Posté par Amandine de Koober 28/06/2016

Si le grand public s'est approprié les technologies numériques dans un temps extrêmement court (inférieur à une génération), les organisations telles que les entreprises ou les institutions étatiques qui emploient ces mêmes individus, peinent à s’approprier et à tirer parti du plus grand actif immatériel que la révolution numérique ait pu créer : la puissance de la multitude. Cet effet de multitude est né de la possibilité de communiquer et de coordonner des individus, possibilité démultipliée par la technologie numérique.

Aider à penser la révolution numérique comme l’expression de la puissance de la multitude est le seul moyen de réhabiliter les organisations dans un monde où elles sont devenues obsolètes. Ce livre décrit dans un premier temps les grandes clés de lecture de la révolution numérique à l’œuvre, puis donne des pistes stratégiques d’adaptation à destination des organisations, en particulier des institutions étatiques.

Trois lois structurent la révolution numérique : la baisse des coûts de la technologie, l’innovation permanente et la force des individus

La révolution numérique et l’accélération continue de la technologie reposent : sur la baisse non interrompue du coût de cette dernière, sur le caractère inachevé de l’innovation et sur la dépendance des organisations aux individus.

La baisse du coût des processeurs a ainsi entraîné leur démocratisation, multipliant le nombre d’individus ayant accès au réseau et le nombre de processeurs par individu. Le réel devient indissociable d’un enrichissement par Internet.

Les innovateurs de la révolution numérique ne raisonnent plus en fonction de l’état de l’art du marché des processeurs, mais se projettent dans un monde où la puissance de calcul et le débit sont infinis et gratuits : un monde hyperfluide. 

Les cycles d’innovations ont disparu et les ruptures technologiques ne sont plus à l’origine du progrès qui se fait désormais par les hybridations de couches technologiques et leur recombinaisons. Les possibilités deviennent infinies. De fait, l’innovation est toujours inachevée. Accepter cette impermanence permet de passer à une vision dynamique. C’est la condition nécessaire à l’adoption des méthodes lean et agiles.

Ces nouvelles stratégies reposent sur la reconnaissance de l’intelligence et de la créativité des individus à l’extérieur des organisations et en particulier des utilisateurs. Elles permettent de passer d’une vision de ventes d’usages prédéfinis à la captation de la valeur des usages spontanés. Au delà de la communication entre eux, les utilisateurs s’emparent de toutes les ressources de création à leur disposition et les détournent. Les organisations de l’économie numérique acceptent et se fondent sur le fait qu’il y aura toujours plus d’intelligence, plus de données et de créativité à l’extérieur d’elles-mêmes.

Les organisations traditionnelles ne jouent plus sur le bon terrain en ignorant les lois de la révolution numérique

Sur les deux dernières décennies, des centaines d’entrepreneurs ont bouleversé la donne. Certains sont très connus comme les GAFA, d’autres, plus discrets ou éloignés comme CISCO, Tencent ou Alibaba. Au delà de la technologie et des modes d’action, ce sont les entrepreneurs eux-mêmes qui sont à l’origine du renversement du monde.

L’importance de leur impact est due à leur radicalité dans leur conception du monde et à leurs valeurs, à leur caractère extrêmement mobile et à leur imprévisibilité. Il est difficile pour les acteurs de l’ancien monde de rivaliser parce qu'ils réfléchissent et agissent dans un système de valeur qui est totalement autre. Impossible alors d’anticiper ou de contrer les offensives de ces nouveaux venus. La victoire de Paypal face aux banques traditionnelles en est une illustration. Celle d’Apple face à Sony sur le marché de la musique en ligne, une autre.

Alors que l’ère des télécommunications et des ordinateurs s’est ouverte il y a déjà quarante ans, le numérique est encore vu comme « nouvelle technologie ». Son adoption par les organisations reste problématique. Si l’intérêt se fait sentir, la manière de l’aborder est archaïque : faire du numérique tout en refusant d’admettre que l’économie numérique est un nouvel ordre industriel, est un non sens.

La révolution numérique est un de ces changements de paradigme qui n’a pas attendu d’être théorisé pour faire changer le monde. Ceux qui sont nés durant ce changement de paradigme y sont naturellement familiarisés, à l'inverse des dirigeants des entreprises et administrations, qui en plus du retard pris individuellement, ont amplifié le retard de leur organisation en ne laissant pas de place à ces générations.


Les enfants du numérique naviguent avec aise dans ce nouveau paradigme

La génération d'individus qui ont vécu la transition vers l’économie numérique partage une aventure collective. Elle aime créer : jamais autant de contenus n’ont été générés et partagés. Elle fait confiance et réinvente les relations sociales, à la recherche d’une société moins hiérarchique, plus informelle et plus décentralisée. Elle se méfie des institutions en ne tolérant plus le savoir subi ou prescrit.

Pour gagner son respect, il faut lui demander la permission, lui proposer, réagir à ses sollicitations. L’écologie de l’attention des individus est devenue tellement complexe qu’il est extrêmement difficile de les interrompre. L’identification des meilleurs moments pour solliciter un individu est à la base du marketing qui demande la permission, par opposition au marketing intrusif. Mais sans ciblage, il n'y a pas de pertinence. Cela vaut aussi bien pour la publicité que pour les produits, les services et les medias. Impatients, les enfants du numérique exigent la personnalisation par défaut.

Six constantes : modernité, scalabilité, ouverture, disruption, ritualisation des usages et captation de la valeur créée par leurs utilisateurs

Outre des tempéraments hors normes et des circonstances exceptionnelles provoquées ou amplifiées, les succès entrepreneuriaux se caractérisent ...

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