Au commencement de Koober, il y a une idée. Il y a aussi un garage. Parce que oui, comme vous le savez, dans les histoires de startups, il y a souvent un garage. Je vous rassure, ce n’est pas le sujet de l’article. Et promis, je ne me prends pas pour Steve Jobs. C’est de l’idée dont j’ai envie de vous parler. De sa genèse et de sa valeur plus précisément.
On a tous à un moment ou un autre eu une "idée de startup" (certains plusieurs fois par jour !). Dans cet article, j’essaie de vous expliquer comment celle de Koober nous est venue. Mais en réalité, le message que je veux vous faire passer dans cet article est tout autre : votre idée ne vaut rien !
Au commencement, il n’y a rien. Puis une étincelle et la sensation que quelque chose s’est passé. Je suis certain que vous avez déjà eu une idée à 1 milliard d’euros. Quand vous avez eu cette idée, vous avez certainement ressenti un petit shoot d’adrénaline. Vous vous êtes sans doute projeté dans votre jet privé ou à la Une du Times. Vous avez sans doute lancé, nerveusement, votre ordinateur et cherché sur Google si quelqu’un avait déjà eu cette idée de génie. Et là, 2 possibilités.
- Le service magique auquel vous avez pensé existe déjà. C’est la douche froide. Terminé le jet, le yacht et l'interview par Oprah. On rentre à la maison.
- Le service n’existe pas. Et là, il n'y a plus qu’une chose à faire : n’en parler à personne. Travailler dans le plus grand secret (retour au garage, ou mieux à la cave) pour évaluer la pertinence de l’idée. Etudes de marché, de l’écosystème, business plan... Vous y allez et n’en parlez toujours à personne : bah oui, on pourrait vous voler votre idée.
J’ai la dure responsabilité de vous annoncer la mauvaise nouvelle. Votre idée de génie ne vaut rien. Pas un kopeck, même pas la valeur de vos chaussettes (sales). Par où commencer ?
Au moment ou vous avez eu votre idée, il y a probablement 18 personnes dans le monde qui ont eu la même. 4 Chinois, 1 Iranien, 1 Sloven, 3 Indiens, 3 Russes, 4 Américains, 1 Espagnol et 1 autre Français… Oui, ça fait bien 18.
Parmi ces 18 personnes, il y en a 3 qui vont commencer à exécuter cette idée. Parmi les 3 heureux gagnants, 100% vont échouer. Pourquoi ? Parce que leur (votre) idée ne vaut strictement rien. Ce qui a de la valeur, c’est la manière dont vous allez l’exécuter, les choix que vous allez faire, les décisions que vous allez prendre (des dizaines par jour), les points que vous allez prioriser, les personnes que vous allez associer (meilleures que vous si vous voulez réussir).
Alors mon premier conseil est le suivant : parlez de votre idée autour de vous. La confronter aux autres la fera évoluer, l’affinera et vous fera certainement gagner beaucoup de temps. Avant que Facebook existe, il existait des centaines de réseaux sociaux… Vous vous souvenez peut être de A Smallworld, ou plus chauvin, de Copains d’Avant ? Ce qui a fait le succès de Facebook, c’est l’exécution de l’idée, pas l’idée en soi.
Ceci étant dit, je peux vous parler de Koober, parce que l’idée de Koober, est l’exemple parfait d’une idée qui ne vaut rien. On n’a pas inventé le résumé de livres. Les résumés de livres existaient avant Koober, et ils existeront toujours après. Par contre, nous apportons une nouvelle manière d’y accéder, de les consommer, et de les fabriquer. L'idée ne vaut rien, mais ce qu'on en fait peut conduire au succès.
L’idée de monter Koober nous est venue dans un garage, c’est vrai, promis. Et c’est là que le storytelling commence. Mon associé, Alex Mulliez, véritable boulimique de livres de non-fiction a toujours écrit des résumés de ses propres lectures, pour pouvoir ré-accéder facilement aux concepts clés des nombreux livres qu’il lit. Opportunistes, ses amis, profitaient de ses résumés pour accéder facilement et rapidement à ces concepts.
Le bénéfice était clair : ils avaient l’impression de lire des livres sans les lire. Mais jusqu’ici, pas d’idée. Puis l’étincelle est survenue dans son esprit : monter une plateforme qui permettrait à tous de vendre leurs propres résumés de livres.
Quelques jours après nous nous retrouvions pour une de nos séances de mécanique. Bricoleurs du dimanche, on prépare des motos pour se détendre (c’est là, que le garage arrive). Entre une vidange et un démontage de carbu, dans le garage au sous-sol de son immeuble, on discutait de l’idée en question.
Et oui, notre frustration liée au manque de temps pour lire les livres, dont on savait qu’ils nous apporteraient beaucoup était un problème qui touchait forcément beaucoup de monde. De plus il n’existait pas de solution sur le marché.
La décision était prise : on allait développer cette plateforme, elle s’appellerait "Kooblit". Vous pourrez le constater en découvrant ce que Koober est aujourd’hui, nous sommes loin de l’idée de départ. On a réalisé ce que l’on appelle un « pivot » dans le langage startup. Terminé le modèle collaboratif, bye bye la plateforme d’échange de résumés de livres. Nous avons réorienté Koober vers ce qui créé le plus de valeur pour nos utilisateurs. Accéder à du contenu à forte valeur ajoutée le plus facilement possible. Koober est aujourd’hui une véritable maison d’édition de résumés ainsi qu’un distributeur de contenu (les koobs), via un site web et une application mobile.
Koober image parfaitement le propos de cet article : votre idée de départ est très importante, mais elle ne vaut pas grand chose, c’est l’exécution de cette idée qui a de la valeur. Quasiment toutes les startups qui ont trouvé leur « product market fit » se sont éloignées de leur idée de départ. Le plus important est la vélocité : exécutez vite, faites les erreurs que vous devez faire, et faites-les vite, apprenez et évoluez ! De notre côté, on continuera à vous expliquer notre exécution chaque semaine.
Alex Bruneau, CEO
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