Walter Isaacson et Steve Jobs
Quand il contacte William Isaacson pour écrire sa biographie, Steve Jobs se sait malade. Aussi, il laisse carte blanche au journaliste pour interviewer toutes les personnes de son entourage, personnel et professionnel, amis et ennemis, collaborateurs et concurrents. De cet ouvrage, qui n’a subi aucune relecture ou correction, ni de Jobs, ni de sa famille, ressort le portrait d’un entrepreneur hors norme qui a su penser différemment pour inventer des produits devenus indispensables aujourd’hui et insuffler son génie et sa créativité dans l’ADN d’Apple.
La jeunesse de Steve Jobs
L'enfance de Steve Jobs ressemble à celle de n’importe quel Américain issu de la classe moyenne. En apparence seulement, tant ses origines et ses aptitudes le différencient des autres. Abandonné à sa naissance en Californie, il est adopté à l’été 1955 par Paul et Clara Jobs, un couple de la classe moyenne américaine. Ce sentiment d’abandon le suivra toute sa vie. Lorsqu’il devient père à son tour à l’âge de 23 ans, il rejettera dans un premier temps sa fille, Lisa. Devenu adulte, il cherchera et retrouvera sa mère, Joanne et sa sœur Mona Simpson. Mais toute sa vie, il considérera Paul et Clara comme sa vraie famille.
Steve est un enfant et un adolescent solitaire, brillant, mais rebelle à l’autorité. La plupart de ses amis sont plus âgés et comme lui, passionnés d’informatique. Parce qu’on ne grandit pas dans la Silicon Valley sans que cela ne laisse des traces : c’est le berceau des Hewlett Packard, Intel et autres géants de l'informatique. Très jeune, Steve Jobs rêve d'y jouer un rôle, lui aussi.
A la fin du lycée, il fait une rencontre qui va changer sa vie. Stephen Wozniak, dit Woz, est passionné d’électronique, brillantissime, mais très peu sûr de lui. Il partage avec Steve, son cadet de cinq ans, la même passion pour l’électronique, la musique de Bob Dylan et un goût prononcé pour les blagues potaches.
Steve Jobs, un hippie à la recherche de l’illumination
Représentatif de la jeunesse américaine des années 60, il est à la recherche de l’illumination intérieure à travers la spiritualité orientale et les drogues comme la marijuana ou l’acide. Il dira plus tard qu’il a eu de véritables révélations sous l’emprise du LSD, notamment la conscience que créer est plus important que de gagner de l’argent. Le bouddhisme et la méditation occupent une large place dans sa vie. Leur pratique lui laisse une capacité de concentration impressionnante, mais aucune trace d’illumination intérieure.
Il persévère dans cette voie à l'université de Reed dans l'Oregon, qu'il intègre malgré son manque d'enthousiasme. Paul et Clara Jobs ont promis à sa mère biologique Joanne, que Steve ferait des études. Là-bas, Steve opte définitivement pour le style hippie, adopte des régimes végétariens drastiques. Auprès de Robert Friedland, un autre étudiant, il apprend à concentrer l’attention sur lui en public, malgré sa nature plutôt réservée. Il faut dire que Steve fascine par son intensité, sa capacité à fixer son interlocuteur sans ciller.
En 1974, il abandonne Reed avant la fin de ses études. De retour en Californie, il se fait embaucher chez Atari, créateur du jeu d’arcade Pong, où tout geek de l’époque rêve de travailler. En dépit de son allure hippie et de son hygiène plus que douteuse – Steve soutient que se nourrir exclusivement de fruits supprime les odeurs corporelles, ce qui le dispense de douche et de déodorant - et de son arrogance qui le font détester de ses collègues, il est remarqué pour son intelligence et sa passion pour la technologie par le fondateur Bushnell. Auprès de lui, Jobs apprend qu’il ne faut jamais céder, credo qu’il reprendra pour obtenir le meilleur de ses équipes.
Apple
Steve Jobs est à la croisée des chemins : hippie et adepte de la contre-culture, il est aussi passionné de haute technologie et d’informatique. Or, l’ordinateur est considéré à l’époque comme l’incarnation de la bureaucratie, autant dire du mal pour les hippies. Le génie de Jobs est d’avoir transformé l’ordinateur en un instrument d’expression et de créativité.
Cet outil idéal se dessine dans l’esprit de son ami, Wozniak, lorsqu’il découvre le microprocesseur. Il imagine alors un appareil unique comportant un clavier, un écran et un microprocesseur, soit un ordinateur de bureau relativement petit, à usage domestique. Ingénieur de Hewlett Packard le jour, Woz travaille sur son projet la nuit, aidé par Jobs. En deux mois, sa machine est prête. Le 29 juin 1975, a lieu une expérience inédite : tout ce que l’on tape sur un clavier apparaît sur un écran.
Jobs y voit l’opportunité de créer leur propre société. Il convainc Woz d’assembler eux-mêmes la machine et de la vendre directement.
C’est ainsi qu’à l’instar de bien des entreprises de la Silicon Valley, nait Apple dans le garage de Paul Jobs, avec un capital de 1300 $, soit les économies de Jobs et de Woz. Pourquoi Apple ? A l’époque, Jobs se nourrit exclusivement de pommes. Apple est un nom simple et totalement décalé pour un ordinateur, aussi représentatif de la contre-culture que le sont Jobs et Wozniak.
Le Apple I est monté par des amis dans le garage paternel et distribué dans une petite chaine de magasins d’électronique, mais il n’attire pas le grand public. Le produit a beau être très bien conçu, il présente mal : c’est une carte système, à laquelle l’utilisateur doit ajouter alimentation, boitier, moniteur et clavier. Steve comprend rapidement qu’il doit...
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