Le capital humain doit être préservé, autant que le capital financier.
Notre culture nous incite à travailler toujours davantage et nous pensons améliorer ainsi nos performances et celles de nos entreprises. Pourtant, l’épidémie mondiale que constitue le burn-out, qualifiée par le philosophe Pascal Charbet de « pathologie de notre civilisation », montre bien que cette définition de la réussite n’est pas viable. Cette culture est essentiellement masculine. Pourtant, dans ce domaine, ce sont les femmes qui paient le prix fort : des études montrent que les femmes qui occupent des postes à haut niveau de stress ont 40% de risques supplémentaires que leurs homologues masculins de développer des maladies cardio-vasculaires ou un infarctus, et ce taux s’élève à 60% pour le diabète de type 2. Cette culture du résultat et du profit à court terme entraîne par ailleurs dans son sillage une épidémie d’addictions (substances illégales, antalgiques, alcool, somnifères, antidépresseurs).
Pourtant, des employés en mauvaise santé sont des employés moins productifs. Aux Etats-Unis, les coûts indirects de santé dans les entreprises (absentéisme, congés maladie, baisse de productivité) sont entre 200 et 300 fois supérieurs aux cotisations d’assurance.
Une certaine prise de conscience commence cependant à émerger. Ainsi, au forum économique mondial de Davos, en Suisse, de plus en plus de séances sont consacrées à la nécessité de repenser sa vie, à la méditation en entreprise…
En effet, les entreprises ont un réel intérêt économique à s’intéresser au bien-être de leurs employés, et de plus en plus le font : ainsi, Howard Shultz, PDG de Starbucks, en période de crise et malgré les pressions, a refusé de rogner sur la couverture maladie de ses employés. De même, des programmes pour inciter les employés à perdre du poids, à faire du sport, à surveiller leur tension… sont mis en place par plusieurs sociétés, à l’instar des supermarchés Safeway, avec à la clé des incitations, sous forme de réduction des primes d’assurance santé par exemple. Et cela fonctionne : les sociétés constatent de réels gains d’argent grâce à ces politiques.
Pratiquer la méditation et la pleine conscience aide à restaurer son équilibre de vie
La pleine conscience consiste à se concentrer afin d’être pleinement présent dans l’instant. Afin d’y parvenir, on peut par exemple se concentrer sur une habitude quotidienne (la douche, le lavage des dents, etc) et prêter attention à ce que cela nous apporte. Les apports de la méditation aussi bien sur le corps que sur l’esprit sont innombrables. Du point de vue physique, la méditation ne doit pas être considérée comme une simple diversion : elle permet de développer le système immunitaire et de lutter contre diverses pathologies (hypertension, diabète, nausées, asthme…). On a noté une baisse significative de l’intensité des douleurs et du stress chez les personnes qui pratiquent la méditation.
Au niveau du cerveau, des études ont montré un épaississement de la région du cortex préfrontal et un vieillissement ralenti chez ceux qui pratiquent la méditation de manière intensive, par exemple chez les moines tibétains. Méditer permet aussi de développer son aptitude au bonheur et de chasser les idées négatives. Cela diminue le sentiment de solitude des personnes âgées ou la dépression.
La méditation nécessite une pratique quotidienne. Ce n’est que de cette manière que l’on arrive à développer sa créativité et sa concentration. Comme Steve Jobs, qui l’a pratiquée toute sa vie, de nombreuses personnalités lui accordent une place importante. L’armée américaine s’y intéresse également pour diminuer le stress post-traumatique des soldats de retour des zones de combat.
"Méditer permet de développer son aptitude au bonheur et de chasser les idées négatives." Arianna Huffington
La méditation a toujours été pratiquée par le passé. Le fait de méditer s’apparente aux anciennes traditions de prière, aux chapelets du rosaire des chrétiens, à la philosophie stoïcienne de la Rome et de la Grèce antiques… Cela permet de ressentir de la compassion, à soi-même et aux autres.
Pour débuter la méditation, il faut privilégier un endroit tranquille, dans lequel on sait que l’on ne sera pas dérangé, se détendre et se concentrer sur sa respiration. Quand une idée s’impose, on peut l’observer, mais il faut ensuite se concentrer de nouveau sur son souffle.
Ensuite, dans nos sociétés toujours en manque de temps, lorsqu’elle commence à être maitrisée, la méditation peut être pratiquée tout en se livrant à d’autres activités comme le jardinage, la pêche ou le jogging.
L’hyper connexion de notre monde actuel nous éloigne d’une réussite pleine et complète
Notre société a développé une véritable dépendance aux outils connectés et il est de plus en plus difficile de s’en défaire au fur et à mesure que l’on monte dans l’échelle hiérarchique. Il est commun d’accepter l’idée qu’il faille absolument traiter les e-mails dès qu’ils arrivent, même si c’est un déluge sans fin. Or, cela nous prend 28% de notre temps de travail et avec les smartphones, les e-mails nous suivent partout. Chez certains individus, on note même des apnées de l’e-mail : ces personnes retiennent leur respiration par à-coup en lisant leurs e-mails.
Linda Stone, qui a travaillé sur la technologie émergente chez Microsoft et Apple dans les années 1980 et 1990 parle « d’attention partielle continue » : notre attention et notre capacité de concentration sont en permanence polluées.
Quelques ripostes s’organisent pourtant comme le jeu du phone stacking : lors d’un repas au restaurant, les portables sont empilés au milieu de la table. Le premier qui consulte son téléphone paie la note.
S’autoriser des pauses et des périodes sans e-mails permet de réduire le stress et de mieux se concentrer. C’est l’expérience menée dans l’entreprise Learning as Leadership en 2013 : son PDG, Shayne Hughes, a interdit les e-mails internes durant une semaine. Cela a entrainé une baisse notable du stress et a accru la productivité des salariés.
Les conséquences de cette addiction à la technologie sont importantes pour notre génération, mais plus encore pour la génération Y (la première génération à être née avec les nouvelles technologies).
72% des enfants de moins de 8 ans et 38% des enfants de moins de 2 ans ont déjà utilisé un portable et une utilisation trop importante s’accompagne de troubles de la mémoire à court terme, d’une capacité d’attention réduite et de sautes d’humeur. On relève aussi un manque de sommeil chez les adolescents, et un stress permanent des jeunes adultes, qui s’ajoute à celui lié à leur travail et aux emprunts bancaires qu’ils ont dû faire pour financer leurs études.
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